Circulaire du 19 novembre 2024 relative à la lutte contre la délinquance du quotidien

Date de signature :19/11/2024 Statut du texte :En vigueur
Date de publication :29/11/2024 Emetteur :Ministère de l'Intérieur
Consolidée le : Source :BO Intérieur n° 2024-11-2 du 29 novembre 2024
Date d'entrée en vigueur :30/11/2024
Circulaire du 19 novembre 2024 relative à la lutte contre la délinquance du quotidien

NOR : INTK2431138J
 
Le ministre de l’intérieur
à

M. le préfet de police
Mmes et MM. les préfets de zone de défense et de sécurité, de région et de département
M. le préfet de police des Bouches-du-Rhône,
M. le préfet, directeur général de la police nationale,
M. le général d’armée, directeur général de la gendarmerie nationale
Mme la directrice des entreprises et des partenariats de sécurité et des armes

 
Pour information
M. le préfet, secrétaire général du ministère de l’intérieur
Mme la directrice générale de la sécurité intérieure

M. le directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises
 
Chaque jour, plus de 1 000 Français sont victimes d’agressions, 600 connaissent le traumatisme d’un cambriolage et 1 500 subissent un acte de vandalisme. De surcroît, la délinquance s’adapte et empoisonne désormais toute notre vie sociale, investissant l’intégralité des champs du quotidien, comme notre vie numérique. Face à cette situation les Français nous exhortent à agir et exigent une riposte républicaine.
 
Nous avons la ferme volonté de répondre à cette exigence parce qu’il y va de la cohésion du corps social et de l’avenir de notre nation, la sécurité et l’ordre constituant les devoirs premiers de l’Etat.
 
La présente circulaire vous place en première ligne de ce combat pour la restauration de la sécurité quotidienne et détaille la méthode que nous entendons utiliser à cet effet. Le rétablissement de l’ordre partout sur le territoire national est votre mission première.

Notre philosophie d’action est claire et consacre votre liberté d’agir et votre capacité d’initiative pour lutter contre la délinquance et obtenir des résultats.

De cet esprit résultent un double enjeu et une méthode collective : à votre niveau, définir et mettre en œuvre un plan d’action départemental de restauration de la sécurité du quotidien (PADRSQ) (I) ; au niveau de l’administration centrale, accompagner les territoires à l’échelle nationale (II).

I – Le Plan d’action départemental de restauration de la sécurité du quotidien

Nous vous demandons de réaliser, pour le 15 janvier 2025, un plan d’action départemental de restauration de la sécurité du quotidien (PADRSQ) comportant des actions précises et visant à obtenir des résultats concrets sur la sécurité et sur le recul de la délinquance. Ces plans doivent correspondre aux problématiques observées dans vos territoires. Portée avec les commandants de groupement de gendarmerie départementale (CGGD), les directeurs départementaux et interdépartementaux de la police nationale (DD/DIPN) et les directeurs territoriaux de la sécurité de proximité (DTSP) dans l’agglomération parisienne, cette démarche nécessitera un échange constant et une coordination étroite avec l’autorité judiciaire, les maires et élus de vos départements, ainsi que les acteurs locaux de la sécurité (sociétés de transport en commun, bailleurs, sécurité privée, professions exposées, etc.).

Ce plan est le vôtre et n’appelle aucune forme particulière mais il doit être à la hauteur des enjeux.

Ainsi, afin de mieux protéger, de mieux dissuader et de mieux entraver, le plan prévoira : Outil de cohérence entre les différents partenariats déployés dans vos départements (CSI, contrats locaux de sécurité…), ce plan devra décliner les dispositifs qui seront mis en œuvre à votre initiative. Vous pourrez notamment : Ainsi, ces plans constitueront vos feuilles de route pour votre action en matière de sécurité, rassemblant les policiers, les gendarmes et les acteurs du continuum. Vous actualiserez ces plans selon une régularité qu’il vous incombe de fixer, a minima annuellement, pour répondre aux réalités locales et aux résultats que vous obtiendrez en fonction des indicateurs et objectifs que vous aurez identifiés et définis dans votre plan.

Enfin, dans l’objectif de libérer des capacités opérationnelles à tous les niveaux, nous vous invitons à approfondir sans délai l’identification des tâches dites périphériques, qui empêchent les effectifs d’être sur la voie publique, visibles par la population, et à recenser puis à proposer des stratégies de réduction, de suppression et de simplification. Vous veillerez à ce que les gains obtenus par la suppression de ces tâches se traduisent par la présence accrue des effectifs sur la voie publique et sur l’investigation.
 
II – Les administrations et états-majors centraux vous appuieront dans la mise en œuvre de vos plans

La latitude que nous souhaitons vous redonner doit vous permettre de mettre en œuvre des outils innovants et des pratiques efficaces qui correspondent à vos réalités locales, de réaffirmer l’autorité de l’Etat au travers d’un engagement conjoint des autorités administratives et judiciaires, de mobiliser les élus locaux de votre territoire autour de cette urgence commune et d’identifier les irritants qui contraignent votre action.

Pour ce faire, les administrations et les états-majors centraux vous apporteront un appui permanent dans la conception et la mise en œuvre des PADRSQ.

A ce titre, le service de statistique ministériel de sécurité intérieure se tient à votre disposition ([email protected]) pour vous faire parvenir des éléments d’appréciation de vos départements qui nourriront vos diagnostics et vous appuyer dans la construction éventuelle d’indicateurs permettant de mesurer les résultats obtenus.
 
Par ailleurs, vous pourrez solliciter les moyens nationaux d’enquête (unité nationale d’investigation de la police nationale et unité nationale de police judiciaire de la gendarmerie nationales, GIR et offices centraux), d’intervention (RAID, GIGN et BRI) et de restauration de la paix publique (EGM Guépard et CRS de nouvelle génération). Ces moyens, ainsi que les effectifs des forces mobiles seront déployés prioritairement dans les « points chauds », dont le statut évoluera au gré des résultats obtenus. Nos cabinets organiseront régulièrement des réunions pour faciliter la mobilisation des moyens nationaux sur ces points chauds ou toute autre forme de délinquance préoccupante.
 
Enfin, une réunion bimestrielle organisée au ministère permettra de suivre les résultats obtenus et de réorienter les priorités comme l’accompagnement national et les moyens déployés pour y répondre. Vous pourrez alors être amenés à y participer pour faire part d’une organisation spécifique ou de la conduite plus générale de votre plan.
 
Vos plans et tout élément relatif à la mise en œuvre de ces directives devront parvenir à notre cabinet ([email protected]).

Fait le 19 novembre 2024.
 
Bruno RETAILLEAU                                            

Nicolas DARAGON